Par Philippe Jean Poirier, Isarta Infos –
Incarner des valeurs organisationnelles en période de croissance, quand tout va bien, c’est une chose. Les assumer en période de crise, contre vents et marées, c’en est une autre.
Car, si certaines organisations ont montré beaucoup de bienveillance, d’autres ont exigé de leurs employés une prestation de travail pareil à la normale, sans tenir compte que la planète entière traversait une pandémie.
Est-ce le fruit du hasard? Depuis un mois, j’ai eu la surprise de voir dans mes fils d’actualité LinkedIn et Facebook des professionnels hautement compétents annoncer leur démission, parce qu’ils ne se reconnaissaient pas ou ne se reconnaissaient plus dans la culture de leur entreprise.
En voici un exemple :
Lorsque j’ai questionné l’auteur de la publication pour comprendre les raisons de son départ, il m’a répondu que son ex-employeur entretenait « une culture de la performance avant l’humain » et la tolérait « le non-respect envers les gens ».
De plus en plus de départs
Il pourrait s’agir d’un cas anecdotique, découlant de circonstances particulières. Or, lorsque nous avons demandé à Gabriel Tremblay, directeur en marketing RH, marque employeur et expérience employée de l’agence de communications Sept24, de nous partager son bilan de l’année 2020 en matière de marque employeur, il a aussitôt confirmé l’impression qu’une dissonance commençait à se créer au sein de certaines organisations.
« Jamais n’y a-t-il eu autant de postes séniors qui ont changé d’emploi que durant la pandémie, et ce, non pas parce que les gens avaient perdu leurs emplois, mais parce qu’ils évaluaient que leur employeur avait mal géré la crise sur le plan humain. »
Les entreprises doivent revoir leurs valeurs organisationnelles, croit le directeur en marketing RH.
« Il ne doit dorénavant plus avoir de dichotomie entre les valeurs profondes d’une entreprise et sa marque employeur. Si avant les collaborateurs ne prenaient pas toujours le temps de réfléchir aux valeurs profondes de leur employeur, il y a vraiment un nouveau courant. »
La bienveillance comme stratégie d’attraction
Le phénomène n’est pas nouveau. On connaît depuis un longtemps l’importance que peut avoir la culture d’entreprise dans la rétention du talent. En 2018, un sondage LinkedIn révélait que 71% des professionnels préféraient partager les valeurs de leur entreprise que d’obtenir une augmentation de salaire.
La pandémie aura permis aux professionnels de savoir si leurs employeurs étaient sincères lorsqu’ils disaient se soucier de leur bien-être physique et mental.
Les employeurs ont tout à gagner à soigner leur culture organisationnelle. Selon une étude du National Bureau of Economic Research effectuée en 2017, 92% des directeurs sondés s’entendaient pour dire qu’améliorer leur culture permettrait d’augmenter la valeur de leur organisation.
« Dans l’année à venir, Gabriel Tremblay conseille aux entreprises de mettre l’expérience-employé au service de l’expérience client. Si la marque employeur était jadis liée davantage au recrutement et qu’ensuite elle a priorisé l’expérience-employé, on réalise aujourd’hui à quel point des employés heureux aident les entreprises à générer plus de ventes! Même si vous êtes un employeur œuvrant dans les secteurs B2B, l’entreprise qui achètera votre produit ou qui vous choisira comme fournisseur priorisera un partenaire qui s’occupe bien de ses employés! »